Zaleucos mangeait les concombres
"À quoi la commission européenne dépense-t-elle votre argent?" La réponse était donnée par le blog Chacun-pour-soi il y a maintenant plus de deux ans dans un article hilarant. Cela aurait pu être une bonne blague des bedonnants de" Bruxelles soucieux de justifier une partie de leur indemnités en se convertissant intermittent du spectacle mais que nenni! Le concombre courbé n'était plus le bien venu sur les étales de vos commerçants préférés depuis le 15 juin 1988.
Ayant appris à vivre sous le signe de la discimination, nous constatons voici une quinzaine et avec étonnement que la même commission a décidé de la prochaine autorisation de la vente des fruits et légumes hors normes. 'zont pas fait dans la dentelle les pioupious! En pleine crise du caddie, mémère n'en attendait pas tant de la part du Mammouth. La fonte des glaces aurait-elle enfin débuté? Nous n'irons pas jusque là mais saluons tout de même l'initiative suscitant quelques interrogations de bonne forme.
Voici 20 ans, la protection du consommateur était mise en avant devant les vilains pas beaux commerçants prêts à tout pour nous entuber avec leur sales concombres tordus. Pas un espèce de début de liant synaptique n'avait fait la relation entre cette mesure et d'éventuelles hausses des prix. Il a donc fallu poirotter 20 ans avant que Mariann Fischer Boel, commissaire européen chargée de l'agriculture et du développement rural déclare à la commission qu'«il était absurde de devoir jeter jusqu’à 20% de produits parfaitement comestibles, au simple motif qu’ils étaient de forme irrégulière». On t'le fait pas dire Lucienne!
Et si on ne peut que se réjouir de cette décision, il faudrait peut être penser à endiguer le syndrôme du législateur. Pour cela, Zaleucos avait une solution pouvant susciter quelques idées : il ordonna que quiconque voudrait proposer une nouvelle loi, «d'avoir la corde au cou, afin d'être étranglé sur le champ, au cas qu'elle valût moins que l'autre. » Nul doute qu'avec une telle disposition, les carottes poilues, auraient pu vivre en parfaite harmonie avec les poireaux biscornus, les patates cagneuses, les raves infirmes et nos chères concombres. Et ceci sans intervention de la Halde, mesdames, messieurs!
Le marteau est tombé dans le bol de Sangria
Ce qu'il y a de formidable avec notre chère autorité supérieure, c'est que quelques soit le "problème" auquel elle se confronte, la méthode d'assainissement reste invariablement la même, froide, implaccable, nocive. Quand on se prend pour un marteau, on a vite tendance a considérer que tout obstacle est un clou, et paf! on se fait mal à ses petits doigts.
Récemment, nous apprenions de source présidentielle que le nouveau fléau à balayer de notre prude société concernait ces petites boissons qui font le bonheur de beaucoup mais s'attaquent avec la plus grande lâcheté, aux plus faibles, aux plus démunis : les jeunes. N'avez-vous jamais vu les Ricard, Soho, ou autre Suze se jeter goulot au fusil sur ces frêles créatures à la merci d'une publicité inféodée aux marchands d'alcoolisme? Non? Sans doute n'avez vous pas la clairvoyance d'un Yves Bur (PMU), associé pour une valse aux dignes représentants des Jaurès, Blum, Allende, Castro, Stal... hop! (Crescendo mais trop haut dans les aigus) Quand on parle grisby chez les parlementaires, l'accord semble enfantin.
Bref, revenons à nos moutons. Le clou étant bien positionné sur sa planchette, ne reste plus qu'au marteau vengeur à rendre le jugement : une indolore augmentation de 23% de la taxe sur les alcools forts. Explication : prenons un produit surtaxé de toutes parts, mettons en avant le fait qu'une frange de la population rebelle refuse obstinément d'arrêter d'en consommer, et concluons que la taxe n'est pas assez importante. Rajoutons à cela que la plupart des alcools forts consommés en France sont d'origine étrangère, on va en plus de ça éviter les surprofits que les étrangers font sur notre dos. C'est y pas bien pensé ça?
Dommage que l'UMPS n'ait pas songé à créer une n-ième commission parlementaire sur le sujet, ils auraient ainsi pu constater que les services s'échangent contre des services, que nous aurions tout à gagner à laisser les marchands étrangers nous innonder d'alcool et surtout que le nombre de suicides étant toujours aussi haut, ils auraient pu en profiter pour glisser un petit quelque chose sur les cordes, lames Gilette et autres falaises si propices à s'y jeter.
À la limite, un peu de jugeotte aurait suffit à penser que :
- tout le monde connait aujourd'hui les innombrables risques liés au petit verre du midi ou aux grandes gorgées du soir
- l'alcoolique est prêt à passer tout son budget pour sa grande cuvée villageoise, cela réduira au mieux son budget Panzani
- le jeune étant souvent prêt à payer bêtement une bouteille à 100€ au Cuca Cabana, cela réduira au mieux son budget Haribo
- les taxes sur les cigarettes n'ont fait qu'accroitre le marché noir
- suivant leur logique, les grandes heures de la prohibition doivent être remises au goût du jour
Qu'à cela ne tienne! Le coup est parti, le clou tordu de rire mais les hommes d'action ont agi. Pour votre santé, pour palier votre jugement déficient. Qu'on se le dise dans les têtes de gondole : notre foie en l'Etat est inébranlable!
Raison sociale et chantilly
Et lui, que racone-t-il? C'est plus ou moins la question en suspens une fois sur le blog de monsieur lambda et c'est pourquoi il me faut prévenir de suite le lecteur averti que le litre d'eau doit avoir débordé du vase pour apprécier un minimum ses prochaines lectures. L'existence de ce blog provient de montées d'adrénaline plutôt constantes ces dernières années dues à une certaine forme de publicité hygièniste. Depuis de longs mois déjà, vous ne pouvez plus allumer la boite à troubadour vocale et/ou visuelle, ouvrir le dernier essuie-tout, voire même promener vos petits doigts boudinés sur le web sans avoir à supporter un joli conseil bisounours ne veillant qu'à votre bien être corporel.
Ne voyez-vous pas quels malheurs vous attendent si jamais vous êtiez lachés dans la fosse aux lions consumériste, l'arène des vices, au supermarché : obèsité, cholestérol, arrêt cardiaque, hypertension, diabète, cancer, spasmes, deshydratation, mal être (liste non exhaustive). Le danger guette, sournois, camouflé dans le moindre Chocapic ou molécules de chantilly (voilà un deuxième point eclairci). Prudents, vous écartez les produits sucrés, incarnation du malin. Seulement vous n'y êtes pas! La gangrène s'est également développée dans le sel, les lipides, protides, glucides, il vous faut tout jeter! Hop, débarassé l'éternel boxon du kagibi. Mais baisse du pouvoir d'achat oblige ma pôv' dame, c'est là que l'agence tous risques se pointe dans vos méninges, ménages, publicités pour organiser votre alimentation à bon escient. Et ils en connaissent un rayon les bougres, question chienlit :
- « Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour »
- « Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière »
- « Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé »
- « Pour votre santé, évitez de grignoter entre les repas »
- « Apprenez à votre enfant à ne pas grignoter entre les repas »
- « Bouger, jouer est indispensable au développement de votre enfant »
- « En plus du lait, l’eau est la seule boisson indispensable »
- « Bouger, jouer est indispensable au développement de votre enfant »
- « Pour bien grandir, mange au moins cinq fruits et légumes par jour »
- « Pour être en forme, dépense-toi bien »
- « Pour bien grandir, ne mange pas trop gras, trop sucré, trop salé »
- « Pour être en forme, évite de grignoter dans la journée »
- « Pour votre santé, bougez plus »
- « Pour votre santé, limitez les aliments gras, salés, sucrés »
- « Pour votre santé, évitez de grignoter »
Nul doute que vous avez déjà entendu vomir une des ces saintes phrases, cette dose de moraline qui ronge peu à peu "l'hypothèse" que nous sommes de grands garçons et fill-e-s (norme d'écriture selon la novlangue), capables de gérer nos vies en adultes comme depuis des siècles et des siècles, et surtout : comme nous l'entendons. Fort heureusement pour nous, faibles d'esprit, l'infiltration des grands inquisiteurs a tendance à ordonner l'ordalie un peu partout où nous faillons quotidiennement à notre devoir de con-citoyen. Nous reviendrons également sur ces secteurs où la règlementation nous emmerde permet de vivre en harmonie.
Vous les avez vus. Pour vous, tout a commencé par une sombre nuit électorale, le long d'un fil de campagne flou, alors que vous cherchiez un raccourci à tous les problèmes de la planète que vous ne trouverez jamais. Cela a commencé par un mode de vie obsolète, et par un homme que le manque de lucidité avait rendu trop las pour continuer sa descente seule. Cela a commencé par l'assemblage d'une équipe de législateurs de fortune. Maintenant, David Vincent vous savez que le gouvernemaman est là, qu'ils ont pris forme humaine, et qu'il vous faut convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé.